Si tu vois quelque chose, fais quelque chose ! 12 choses à faire plutôt que d’appeler la police

Mayday Collective et Washtenaw Solidarity & Defense

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À la différence d’autres écrits militants qui prennent comme point de départ la confrontation avec la police (manifestations, arrestations, expulsions de lieux…), celui-ci insiste sur des moments ordinaires de nos vies : une panne de voiture, une soirée un peu trop bruyante, quelqu’un qui pète un cable, etc. Ici pas d’arguments budgétaires ou gestionnaires pour réduire ou couper les budgets de la police (#Defundthepolice). À la place, une volonté de s’organiser à la base, avec les gens de son entourage, pour saper le besoin du recours aux forces de l’ordre. Ce texte part donc de ce que chacun⋅e, en tant qu’ille est lié⋅e à des communautés (bande d’amis, voisinage, club d’activité, famille, etc.), peut faire quand ille est confronté⋅e à quelque chose d’inhabituel, à une situation qui dérape ou qui pose visiblement problème.

 

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Appeler la police, souvent, aggrave la situation, fait courir des risques et provoque de la violence. Chaque fois qu’on demande de l’aide à la police, on l’invite dans son entourage, ce qui met en danger des personnes qui peuvent déjà être dans des situations à risque. Parfois, les gens pensent qu’appeler la police est la seule manière de régler des problèmes. Mais l’on peut construire des réseaux d’entraide et de confiance, qui permettent de mieux prendre en main des conflits nous-mêmes et d’aller vers des formes de justice transformatrice1, tout en gardant la police à distance.

 

1 – Ne te sens pas obligé⋅e de défendre la propriété – surtout la propriété « privée » des grandes entreprises. Avant d’accuser quelqu’un⋅e ou de contacter la police, demande-toi si quelqu’un⋅e est violenté⋅e ou mis⋅e en danger par le « vol » ou le dommage d’une propriété. Si la réponse est « non », alors laisse faire.

 

2 – Si quelque chose qui t’appartiens est volé et que tu as besoin de faire enregistrer l’infraction afin de toucher l’assurance ou pour une autre raison, vois si tu peux aller au commissariat de police plutôt que de faire venir les flics au sein de ton entourage. Sans t’en rendre compte, tu pourrais faire courir un risque à quelqu’un⋅e de ton voisinage.

 

3 – Si tu rencontres quelqu’un⋅e présentant un comportement qui paraît « étrange » à tes yeux, n’en conclus pas qu’il ou elle est sous l’emprise de produits stupéfiants en plein sur la voie publique. Une lésion cérébrale ou une crise liée à une maladie peuvent provoquer des symptômes similaires. Demande-lui si ça va, s’il ou elle est dans un état de santé particulier et s’il ou elle a besoin d’aide.

 

4 – Garder une liste de numéros de ressources communautaires, comme une ligne d’écoute en cas de situations compliquées (tentative de suicide, mise en danger d’autrui, etc.). Quand la police est contactée pour « gérer » des situations comme celle-là, les personnes qui ont des troubles mentaux ont 16 fois plus de risque d’être tuées par les flics que les autres2.

 

5 – Si tu vois une personne arrêtée sur la chaussée à cause d’un problème de voiture, tu peux t’arrêter et lui demander si elle a besoin d’aide ou si tu peux appeler une dépanneuse. Si la police s’en mêle, elle peut mettre des amendes abusives, cibler celles et ceux qui n’ont pas de papiers, ou pire encore3.

 

6 – Réfléchis à deux fois avant d’appeler la police, lorsqu’une personne te semble suspect⋅e. Est-ce que sa race, son genre, son ethnicité, sa classe ou son mode d’habitat influence ton choix ? Des coups de fils comme ça peuvent mettre en jeu la vie de beaucoup de gens.

 

7 – Encourager les professeurs, les collègues et les organisateurs⋅trices d’événements à ne pas convier la police dans les classes, les lieux de travail et les espaces publics4. À la place, œuvrer pour une culture de l’attention des un⋅es aux autres, sans mettre par inadvertance qui que ce soit en danger. Si on fait partie d’un groupe qui organise un rassemblement ou une manifestation, ne pas demander d’autorisation à la police et éviter toute forme de coopération avec elle5.

 

8 – Si un⋅e voisin⋅e fait la fête et que le bruit te gêne, va voir, va lui parler. Apprendre à connaître tes voisin⋅es lors d’une fête de quartier, est un bon moyen de rendre moins embarrassant le fait de leur demander de faire moins de bruit, ou bien de trouver un⋅e autre voisin⋅e qui veut bien le faire à ta place.

 

9 – Si tu vois quelqu’un⋅e pisser en public, regarde ailleurs ! Souviens-toi que beaucoup de sans-abris n’ont pas d’accès facile à des toilettes.

 

10 – Organiser et participer à des ateliers de désescalade ou de résolution de conflit, de secourisme et d’auto-défense, dans ton entourage, dans ton école, à ton travail ou au sein de ton comité de quartier.

 

11 – Le street art c’est beau ! Ne signale pas des graffitis ou des artistes de rue. Si tu vois une œuvre qui contient des propos fascistes ou haineux, peins par-dessus, toi-même ou avec tes ami⋅es.

 

12 – Souviens-toi que la police peut exacerber des situations de violence domestique. Tu peux soutenir des ami⋅es et des voisin⋅es victimes de violence, en les accueillant, en les conduisant en lieu sûr ou en prenant soin de leurs enfants. Utilise des ressources communautaires comme des lieux d’entraide et des lignes d’écoute.

 

Des communautés fortes rendent la police obsolète !

 

 

1 NdT : La justice transformatrice vise à arrêter de régler les conflits en passant par la punition (exclusion, châtiment, humiliation, etc.) et défend une résolution des problèmes par le dialogue entre auteur-victime-proches, la compréhension mutuelle et la responsabilisation du milieu dans lequel s’est produit le tort.

 

2 NdT :Ici les chiffres sont moins importants mais ces situations existent aussi. Comme l’histoire de Serge Partouche, autiste, tué par trois policiers, lors d’un plaquage ventral en septembre 2011 à Marseille. Ou celle de Miakhil Zar Mohammad, un demandeur d’asile sans-papier afghan de 25 ans, abattu par la police le 15 avril 2020 en plein confinement dans un parc de la Courneuve. Alors même que ses proches s’inquiétaient de ses problèmes psychiques et la dissociation de sa personnalité, Mikhail n’a pas reçu de soin. En France, il est admis qu’environ 70 % de la population carcérale souffre de trouble psychique (avant et/ou après l’incarcération).

 

3 NdT :  Les contrôles routiers peuvent être un point de départ/l’occasion de violences policières. La mort de Cédric Chouviat en janvier 2020 nous le rappelle.

 

4 NdT : Aux USA, certains services de police municipale ou à l’échelle du comté gèrent parfois les entrées et sorties de l’école. Certaines facs ont leur propre service de police.

 

5 NdT : Se donner les moyens de l’auto-défense dans les rassemblement et les manifestations est une vrai question, d’autant plus qu’il arrive que les militants d’extrême droite se pointent lourdement armés. Néanmoins, le fait d’apprendre à se servir d’armes à feu et de les sortir dans la rue fait débat au sein des mouvements sociaux américains.